Ce poème a été retrouvé dans la maison de Maurice Joret au Mas d’Agenais. Epicier, félibre membre de « l’escolo de Marguerito de Nerac », correspondant de presse, il s’intéresse à l’histoire locale et écrit dans le bulletin paroissial des chroniques sur l’histoire du Mas d’Agenais. Il écrit également de nombreux poèmes, des contes ou des nouvelles, dans le bulletin de l’ « escolo de Marguerito » de Nérac, souvent cité ou récompensé pour ses écrits par les jeux floraux.

Dans la bagnairo, il rencontre une jeune beauté qui s’abandonne à Garonne, l’enchanteresse mais aussi la traitresse. Traitresse comme Garonne, la baigneuse est imprévisible, comme une promesse d’amour qui ne laisse qu’amertume et douleur !

La bagnairo.

Te miralhas aqui dins l’aigo, pichounneto,

Bestido de tous piels louns coumo sedo e blounds ;

E l’aigo bluejan poutouno ta cambeto,

E sus toun corps de nièu l’escurado, ô drouleto

Escampejo tout l’or de sous darrès raiouns.

 

Nado ribèro aguet sus sous bords un tal liro ;

Nado perbenco das bos tant de blu que ton el,

E l’aire al tour de tu canto coumo uno liro

Dementre que sus l’aigo es que toun oumbro biro

Perqui al rose ourizoun dabèle lou soulel.

 

Dins la simple béoutat de ta cando innoucenço,

O, s’es coumo uno flou à la bito espelin ;

Nat broc n’esquisso enquer toun chiarme d’ignourenço

Toun frount saunejo pas, penchat dins lou silenço

E nou besos que flous sul bord de toun camin

 

Lous biules, lous aubas, l’aubarèdo argentado

An esparat aqui, large un espés ridèu.

Aro, qui te beiré dins l’aigo atal mainado,

Non creiré pas soun el, te prenen per una fado

De plasenço e d’amour dins aquel fres ridèu.

 

Coumo un miral d’aciè es toun lindo , Garouno,

Elo as fant fious rebelhs benen d’escopemen ;

E sen crento toun corps a l’aigo s’abandouno

Jé sourisos, toun flanc qu’a sausit, fresilhouno

E, friulo, de toun bras sarros toun sen nechen.

 

T’oublidos e la néit arribo, s’ausis gaire

Que bruts d’alos e crits d’ausels, marmuts laugés

Que fèi l’aigo briuento en passan, ô bagnairo,

Que sabos pas coumo es calino, l’encantairo ;

Mefiso-té perqué t’entrénoré pas pés.

 

Berto o bluio, tant bien cansounejo à l’aurelho,

Mistoulino, que la traitresso bous endort ;

O, d’aquelos aqui plus nado se rebelho,

Bressado qu’es dins l’herbo e lous juns oun soumelho.

Méfiso-té, n’es tems, drollo, e gagno lou bord.

 

S’es toujour dit que l’aigo es coumo tu, fimelo,

Ta douço boués, toun pot nou proumeton qu’amour.

« Perfido coumo l’oundo », es atal que t’appelo

Shakespeare e Francés prumé qu’aimio la bello

Perqué déchos al co qu’amarum e doulou.

La baigneuse.

Tu te mires là, dans l’eau, petite

Vêtu de tes cheveux longs comme soie et blonds

Et l’eau bleuissante baise ta pêtite jambe

Et sur ton corps de neige le crépuscule, oh fillette

Fait briller tout l’or de ses derniers rayons.

 

Aucune rivière n’a eu sur ses bords un tel tableau

Aucune pervenche des bois tant de bleu que ton œil

Et l’air autour de toi chante comme une lyre

Pendant que sur l’eau ton ombre tourne

Parce qu’au rose horizon descend le soleil.

 

Dans la simple beauté de ta candide innocence,

Oh, tu es comme une fleur s’épanouissant à la vie ;

Aucune épine encore ne blesse ton charme d’ignorence,

Ton front ne rêve pas penché dans le silence

Et nous ne voyons que fleurs le long de ton chemin.

 

Les peupliers, les aubiers, les saules argentés

Ont déployé ici, large, un épais rideau

Maintenant qui te verrait ainsi dans l’eau jeune fille

N’en croirait pas ses yeux, ils te prendraient pour une fée

De plaisir et d’amour dans ce frais rideau

 

Comme un miroir d’acier est ta claire Garonne

Elle a de traitres réveils, ils viennent sans qu’on s’y attende

E sans crainte ton corps à l’eau s’abandonne

Je souris, ton flanc a tressailli, il frissonne

Et frileuse, de ton bras, tu caches ton sein naissant.

 

Tu oublies tout et la nuit arrive, on n’entend plus

Que bruits d’ailes et cris d’oiseaux, murmures légers

Que l’eau fait bruissante en passant, oh baigneuse,

Tu ne sais pas comme elle est câline l’enchanteuse ;

Méfie-toi parce qu’elle pourrait t’entraîner par les pieds.

 

Verte ou bleue, aussi bien elle chantonne à l’oreille,

Cajoleuse, la traitresse vous endort ;

Oh de celles là ici aucune ne se réveille

Bercée dans l’herbe et les joncs ou elle sommeille.

Méfie toi, il est grand temps fille, regagne le bord.

 

Il s’est toujours dit que l’eau est comme toi, femme,

Ta douce voix, ta lèvre ne promettent qu’amour.

« Perfide comme l’onde » c’est ainsi que t’appelle

Shakespeare et François Premier qui aimait la belle

Parce tu ne laisses au cœur qu’amertume et douleur.

Traduction R Gaston

Ce poème a été retrouvé dans la maison de Maurice Joret au Mas d’Agenais. Epicier, félibre membre de « l’escolo de Marguerito de Nerac », correspondant de presse, il s’intéresse à l’histoire locale et écrit dans le bulletin paroissial des chroniques sur l’histoire du Mas d’Agenais. Il écrit également de nombreux  poèmes, des contes ou des nouvelles, dans le bulletin de l’ « escolo de Marguerito » de Nérac, souvent cité ou récompensé pour ses écrits par les jeux floraux.

Dans la bagnairo, il rencontre une jeune beauté qui s’abandonne à Garonne, l’enchanteresse mais aussi la traitresse. Traitresse comme Garonne, la baigneuse est imprévisible, comme une promesse d’amour qui ne laisse qu’amertume et douleur !

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